Entretien avec Vittorio STORARO, le maestro des Muses of Light

Faisant équipe depuis 2015 avec Woody Allen, Vittorio Storaro est actuellement en tournage à Paris. Annoncé comme un retour au thriller (dans la veine de Crimes et délits ou Match Point, les deux perles noires de sa longue filmographie, ce film est annoncé comme l’ultime réalisation du cinéaste New Yorkais. Vittorio Storaro, AIC, ASC, revient avec nous sur sa carrière mythique, sur sa définition du rôle d’"Auteur de la cinématographie" (et non pas de directeur de la photographie) ainsi que sur les "Muses of Light", sa série exclusive de projecteurs LED développés avec DESISTI et baptisés des noms des neuf filles de Zeus.

Voici quelques extraits de l'entretien, réalisé par François Reumont.

Vittorio Storaro DESISTI
@Francesca Storaro

"[...] Pour moi [Vittorio Storaro], c’était crucial de développer un concept profond sur cette nouvelle ligne d’outils, pas juste reprendre les anciennes sources et remplacer les ampoules par des LEDs. En partant de la forme comme élément de départ, de la source la plus ponctuelle baptisée Calliope (qui prend comme modèle l’arc automatique des années 1960) pour aller vers la source la plus grande, un cercle de 1,6 m de diamètre, l’Aurea. Entre les deux, huit modèles dont la forme et la taille sont directement inspirées des travaux de Luca Pacioli, un mathématicien de la renaissance (De Divina Proporzione) qui a influencé notamment Léonard de Vinci dans la composition de La Cène. C’est en travaillant avec Carlos Saura, sur plusieurs films ayant des liens profonds avec la danse, la musique ou la peinture, que je me suis senti attiré par les muses, ces personnages mythologiques à la base de l’inspiration. [...]"

Muses of light DESISTI

J’ai donc étudié ces muses, qui étaient conçues autour de trois arts par Platon, pour ensuite évoluer à neuf arts par le poète grec Hésiode. Mon but étant d’associer chaque forme géométrique à un art et sa spécificité. Il en résulte une famille de neuf projecteurs : Calliope (le point) – Melpomene (le triangle) – Tersicore (le carré) – Clio (le rectangle) – Polymnia (le pentagone) - Erato (l’hexagone) – Euterpe (l’octagone) – Talia (le décagone), Urania (le demi-cercle) - Aurea (le cercle). Ce dernier étant pour moi celui représentant le cinéma, l’art qui me semble se nourrir de tous les autres.

Ces projecteurs sont réellement fantastiques. Je n’utilise désormais plus qu’eux sur mes films, comme en ce moment avec Woody Allen. L’équipe française les découvre pour la plupart, et j’ai d’excellents retour notamment de la part de mon gaffer Greg Fromentin, qui est devenu très enthousiaste – même si je le sentais un peu inquiet en préparation. Je me souviens très bien de lui me demander en préparation : « Mais, Vittorio, vous êtes sûr de ne vouloir prendre que ces projecteurs ? » et de moi lui répondre un « OUI » catégorique !

Vittorio Storaro DESISTI
@Francesca Storaro

Greg Fromentin, Gaffer sur le tournage, nous livre ses premières impressions sur les Muses Of Light : " [...] Personnellement, j’avais déjà pu me familiariser il y a quelques mois avec l’Aurea, le plus grande source de la série sur Murder Mystery 2, une production Netflix mise en image par Bojan Bazelli. Ce dernier avait insisté pour utiliser cet outil, et j’ai pu constater la qualité de rendu, surtout en 3 200, des LEDs. Mais depuis que le tournage de Woody Allen a commencé, je dois dire que c’est surtout la source la plus ponctuelle (le Calliope) qui m’a impressionné, c’est vraiment très difficile de faire la différence avec un projecteur tungstène, tant en qualité qu’en plage d’éclairage. Les ombres sont très belles, et Vittorio sait parfaitement les utiliser dans un style qu’il affectionne. [...] "

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L'entretien est à lire en intégralité sur le site de l'AFC.